dimanche 18 août 2013

Un ville en attendant

Je me suis installé à Sherbrooke. J'y avais déjà vécu en 2009-2010. Pourquoi y reviens-je? L'an dernier, de retour de Vancouver et passant l'été à Québec où je ne voulais pas rester au-delà de septembre, je me cherchais un autre point de chute. Contre toute attente je choisis alors Lac-Mégantic, surtout parce qu'une amie (qui me voulait du bien) me le proposait: "Pourquoi ne reviens-tu pas t'installer dans l'coin?", m'avait-elle soufflé à l'oreille. Je me dis alors "pourquoi pas", face à mon éternelle tergiversation. Il ne me semblait pourtant pas que Lac Mégantic soit l'endroit parfait pour exister mais je voulais bien voir ce qu'il en était. Mon objectif était d'y rester 9 mois, à savoir le bail que je signais pour un logis de la mi-septembre à la fin juin de cette année. Il n'allait rien se passer pour moi du côté de Mégantic, à part glandouiller sur le bord de l'eau, à la bibliothèque municipale, quelquefois au Musi-Café et surtout à faire mon épicerie au Métro et à en côtoyer toutes les caissières, certaines que je tentaient d'éviter car elles étaient bêtes et d'autres pour lesquelles j'utilisais de stratagèmes pour me retrouver devant elles, même si les conversations de caisse sont très limitées. Je marchai aussi plusieurs fois sur ce chemin de fer de la MMA qui allaient peu de temps après mon départ devenir l'enfer qu'il fut. 
Déjà à l'automne précédent sur la piste cyclable qui longe le chemin de fer, dès après la rue Frontenac, la rencontre parfois des immenses wagons-citernes n'engendrait pas un lot de bonheur mais plutôt d'effarement. Ces mastodontes de métal semblaient disproportionnés par rapport à la capacité des rails et des traverses vétustes à les recevoir, avec l'impression constante de danger. C'est peut-être un fierté de l'endroit que d'avoir un chemin de fer qui passe en plein centre-ville, histoire de donner l'impression qu'il s'y passe quelque chose mais ces wagons-citernes plus haut que les immeubles en contrebas laissaient perplexes. La courbe où le déraillement s'est produit ne peut être prise à 100 km/h c'est certain. Construite au XIXe siècle avec des convois qui à l'époque n'allait guère plus vite qu'une course de chevreuil et ne transportant pas des millions de litres de brut, la ligne de chemin de fer représentait comme partout ailleurs le lien le plus sûr pour aller d'une ville à l'autre. Le train était vachement plus carrossable que les routes de gravier au mieux et de boue au pire et à la moyenne qui traversaient la région. On pouvait alors espérer se rendre à Lévis en ½ journée au mieux, environ 200 km plus loin vers le nord-est avec les zigzags du train. Le train dans le centre-ville de Lac-Mégantic était devenu inutile à toute fin pratique. La jolie vieille gare qui à une autre époque était sans aucun doute un lieu de rencontre incontournable avait depuis été transformée en musée et boutique d'antiquités. L'hiver dernier j'ai vu qu'on transbordait là des billes de bois des wagons pour mettre sur des camions à destination des moulins ou de Tafisa. Il aurait fallu du reste concevoir un continuation du train depuis Tafisa vers le Maine, contournant ainsi le centre-ville. Peut-être est-ce là la solution que l'on choisira, de manière sécuritaire le long des cours d'eau, étant donné la nécessité de demeurer relativement à plat par voie ferroviaire. 
Ce n'est jamais idéal de transporter des convois de quoi que ce soit le long des cours d'eau, mais il en est ainsi de toute l'existence du chemin de fer et ce n'est pas moi qui remettrai en question l'existence du chemin de fer qui est de loin le moyen de transport le plus sécuritaire et le plus écologique en termes de ratio énergie/capacité, à regarder les nouvelles du jour un peu partout dans le monde, avec le nombre de morts et de désastres de toutes sortes et qui rarement implique un train.

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