lundi 2 juin 2014

Chronique de disparition

J'ai une amie qui est morte hier soir pendant que je lui parlais au téléphone. Littéralement. Ses derniers mots ont été “Ben voyons, qu'est-ce que j'ai... j'suis étourdi”. Puis elle s'est effondrée. Ce n'est que 3 heures plus tard que son ami m'en a informé. Aucun signe avant-coureur en tant que tel. 53 ans. Nous étions amis depuis le Temporel il y a 31 ans. Nous avions dans notre jeunesse énormément partagé et sa sensibilité envers l'environnement et le sort des animaux notamment la rendait vulnérable. Nous étions toujours en contact et ses nombreux plaidoyers m'écorchaient souvent les oreilles mais le socle de notre amitié était d'une grande solidité. Sa santé était fragile et elle admirait ma capacité de résistance et de refus face à la résilience généralisée dans notre société. Cette complicité quelque peu hygiénique car souvent physiquement distante, moi qui ne cesse de bouger et elle qui avait décidé de ne plus trop bouger, je la perpétuerai même hors sa présence physique mais aussi avec son ami et complice de toujours. Comme me faisait remarquer un ami très rationnel d'ordinaire. "Te rends-tu compte? Tu étais à vélo dans un parc et tu t'es dit 'faut que j'appelle Marie-Gisèle" et pas longtemps après elle meurt." C'est sûr que c'est hors de l'ordinaire que quelqu'un.e te meurt au téléphone sans prévenir. Je ne sais pas si je suis sous le choc. J'ai parlé à son ami qui est avec elle depuis ¼ de siècle. Je suis le dernier à avoir parlé à Marie-Gisèle. Lui est entré et elle était au sol, partie. Je pense que ce sont ces aspects-là qui me sidère. Ses frères ont pris le dossier en main, eux qui sont ignobles. Pas de funérailles. Rien. Que l'incinération de leur soeur. Des truands. Elle a été minée toute sa vie par leur attitude. Heureusement, elle sera éventuellement enterrée à côté de ses parents dont son père qu'elle aimait tant et qui lui avait demandé un jour: “Marie-Gisèle, est-ce que tu crois en la réincarnation? Parce que moi, je ne veux pas revenir.” Bonne suite Marie-Gisèle. Tu es toujours mon amie. 

Ti-Caille, mon chat qui me suit pratiquement partout depuis qu'il est né manque à l'appel depuis sa première sortie à Montréal où il avait vécu déjà trois ans au début du millénaire. C'est donc une autre grande perte pour moi car il aura été un compagnon hors de l'ordinaire, affectueux et intelligent.
Après trois semaines de réclusion, ce 20 mai je décide que le temps est venu que mes deux chats se familiarisent avec leur nouvel environnement. Ti-Caille fait ça depuis plus de 10 ans sans problème... jusqu'à maintenant. Son comparse Black n'a pas eu de difficulté à se retrouver. Ti-Caille n'était pas en grande santé du haut de ses treize années. J'aurais voulu le garder jusqu'à ma propre mort, tellement nous avions cette belle complicité. Hélas! Je ne l'ai guère revu et comme une mère qui cherche son enfant, je voudrais au moins savoir ce qu'il est advenu de lui.

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