mardi 25 février 2014

L'aliénation

Il y a un tel degré d'aliénation en écoutant et en lisant tout sur le débat sur la "Charte", une aliénation qui s'ignore bien évidemment ou, d'un côté on a une image d'épinal de la société québécoise pure, condescendante et assurée de la justesse de sa démarche idyllique vers la perfection et, de l'autre, cette aliénation qu'est celle des Autres, précisément celle de ceux et celles qui portent des objets religieux de tous genres irrémédiablement non-admis dans la tribu de l'autre qui, dans son aliénation à elle n'y voit qu'un outrage à son devenir de libération factice. « Hystérie, insomnie, stress, névrose. Donnez une meilleure impression grâce à un meilleur usage des cosmétiques. » (Chanson de Vangelis)
Parmi les choses qui devraient préoccuper un tant soit peu la tribu, il y a ce triplement du nombre des voitures depuis 30 ans et qui empoisonne de manière ostensible tout désir de simplement vaquer à son existence, une obsession proportionnelle au souhait d'un environnement propre. L'un est en train de détruire l'autre sans que l'on semble même s'en rendre compte.
Autre aliénation non moins percutante: loin d'être affranchis les membres de la tribu sont franchisés mur à mur et totalement complaisant de cet état de chose. Costco, Walmart et une multitude d'autres marques. Dans des gaspillages d'espaces sans fin, le membre de la tribu ballade son existence de parking en centres d'achats gargantuesques qui le consomment sur des autoroutes envahissantes, telles des tubes digestifs. On n'aurait jamais imposé une telle culture invraisemblable. Elle s'est insidieusement infiltrée dans des brèches béantes du dégel, lentement, au compte-goutte, par incrément, par strates d'acceptation miroitantes d'accès au bonheur, exempt d'ontologie, de transcendance inutile (sinon celle liée à la satisfaction momentanée), du "ici et maintenant", de l'immédiateté du l'assouvissement à crédit.

La génération montante qui a grandi dans ce simulacre de culture ne semble en fait que revendiquer son droit de poursuivre cette ivresse, voire cette ivrognerie aux couleurs chatoyantes que lui transmet les deux générations précédentes qui, elle, semblent avoir agi par frustration. Celles-là s'en vont tranquillement dont le membres les plus veinards se vautrent dans une retraite d'insouciance et égocentrique, intellectuellement dépourvus de toute capacité à se demander si leur complicité à cette "dialectique matérialiste" vide de tout sens n'entrainera pas les suivants dans des déboires que l'on n'ose s'imaginer. Qu'a-t-on transmis sinon des valeurs qui se rapprochent de celles du robot qui ne veut pas mourrir, somme toute pas tellement plus brillantes que ce que l'on avait évacué pour soi-disant s'en sortir.

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