mardi 3 juin 2014

Revenir à Montréal

A la mi-mars encore, il n'était pas question que je revienne à Montréal. Voilà pourtant qui est fait! 10 ans moins un mois après avoir quitté cette ville. Je dois dire d'emblée que le fait que je me retrouve dans ce secteur de la ville - que je ne connaissais pas du tout - fait en sorte que ce retour à Montréal me permet de voir la ville sous un autre angle. Côte Saint-Paul et Ville-Émard sont des secteurs modestes de Montréal (qui furent amalgamés à la grande ville il y a une centaine d'années déjà) loin des prétentions du Plateau, d'Outremont ou de Westmount. Avec à l'ouest le canal Lachine et à l'est le canal de l'Aqueduc, il s'agit d'un ancien quartier ouvrier comme il en pullulait à Montréal autrefois. Bien que la majeure partie du milieu industriel qui fit la force de Montréal ait dorénavant disparu, je soupçonne que les gens ici gagnent leur croûte comme employé.e.s dans les centres d'achats, dans des emplois modestes. On a qu'à se promener dans les ruelles parfois crasseuses pour observer la vie modeste du secteur, bien qu'il y ait beaucoup d'effort chez certains pour faire de leurs petites propriétés de petits oasis de paix et de verdure. On peut deviner par les ruelles qui sont toujours très parlantes, les origines des gens car certains traits ethno-culturels persistent en ce XXIe siècle, dont les cours en ciment dans certains cas ou les jardins maraîchers qui sont souvent signe d'origines sud-européennes.
J'ai bien regardé du côté du Plateau, de Rosemont, jusqu'à Ahunstic pour me loger mais les loyers y sont prohibitifs ou les ambiances me laissent désormais plutôt froid. J'ai vécu près de 20 ans dans le Mile End qui commençait à se gentrifier passablement dès l'annonce de la construction du CHUM au métro Rosemont dans les années 90. De toute évidence les BOBOS ont envahi tout le secteur Plateau/Mile End. Avec Ubisoft et cie, le jeunes qui roulent sur l'or ne sont pas les habitants modestes que j'ai connu dans le coin dans les années 80 où l'expresso était à 45¢. C'est plus proche de 4.50$ maintenant. Les logements qui se louaient à des prix raisonnables sont choses du passé. Cela n'est pas le propre de Montréal car ce cancer de la spéculation immobilière redéfinit des concepts de base comme l'habitat de manière sauvage et barbare.

Je peux donc me rendre en ½ heure à Grande bibliothèque, exclusivement par une voie cyclable dont le parcours s'étend bien au-delà de chez moi vers le sud-ouest de l'île. J'ai nommé la piste cyclable du canal Lachine qui existe depuis une bonne trentaine d'années et qui n'aura pas été le propre du maire Drapeau pour sûr, mais le fait de Parcs Canada, propriétaire foncier du canal et des rives de celui-ci. Voilà une bonne raison de faire partie de la fédération canadienne, à tout le moins à ces époques-là car avec Harper, il est sûr que c'est moins tentant :)

Je me suis aussi prêté au jeu de me rendre sur le Plateau par l'avenue Atwater, d'un bout à l'autre, côte des neiges, Dr Penfield, avenue des Pins, le parc Jeanne-Mance, Clarke jusqu'à Laurier et vers Papineau: 55 minutes et 12,5 km, presqu'exclusivement dans la circulation automobile. A la campagne je parcoure la même distance en moins de 30 minutes pour sûr, mais ici je ne me risquerais pas à de grandes vitesses et recevoir une portière dans le poitrail, ce qui ici est irrémédiablement possible et qui m'est déjà arrivé du reste, mais ce ne fut pas moi la victime mais la portière...

On n'a guère le choix. Après des séjours un peu partout cette dernière décennie, force m'est de constater que si je cherche une émulation culturelle et intellectuelle, il existe un repli et un conservatisme invraisemblable dès que l'on sort de Montréal pour s'installer ailleurs au Québec. Bien sûr il se passe des choses à Québec et Sherbrooke mais cela représente tellement peu. Par exemple l'an dernier à Sherbrooke, il y avait de très bons gros shows en plein air au centre-ville. Au mieux une centaine de personnes et parfois une trentaine. Où est tout le monde? Devant la télé? Devant un ordinateur?
Montréal offre donc une panoplie d'activités de tous genres dont la plupart sont gratuites. Pour les autres, cela dépend. Il y en a pour tous les budgets et malheureusement certaines activités sont d'un coût inabordable.
Je ne sais pas combien de temps je serai ici. Une année? Peut-être davantage si je trouve à bien me loger, ce qui en ce moment n'est pas tout à fait le cas.

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