lundi 16 juin 2014

Les inepties du système de santé québécois

Le système de santé au Québec coûte en ce moment autour de 31,5 milliards de dollars, ce qui est pour le moins onéreux. Était-il vraiment nécessaire de surcroît de construire DEUX hôpitaux universitaires au coût faramineux de 1,5 millard chacun, dans un contexte où la dette publique totale au Québec en est à 107% du PIB?
A ce prix on s'imaginerait que le système est top-notch. L'attente aux "urgences" des hôpitaux est soi-disant de 4h22 en moyenne. C'est dire que si l'on injectait immédiatement le double d'argent dans le système, rien ne changerait car nous payons déjà l'équivalent d'une Mercédes.
Les problèmes du système de santé sont structurelles et culturelles car à n'en pas douter il nous représente dans notre façon de faire!
Samuel Vaillancourt, chercheur postdoctoral au Li Ka Shing Knowledge Institute, urgentologue à l'hôpital St. Michael à Toronto et autres activités a publié "Des idées pour un système de santé performant et solidaire" dans un ouvrage collectif Perspectives d'avenir pour le Québec, paru aux Presses de l'université du Québec à la fin de l'an dernier.
Samuel Vaillancourt est quelqu'un de résolument constructif et positif. Il dresse un tableau de la situation au Québec et il apporte des solutions qui permettraient une extraordinaire fluidité dans le parcours des patients ayant à subir le système courant en plus d'être malade, ce qui les rend parfois plus malade et peut même entraîner la mort car, selon les chiffres qu'il dévoile, il y aurait autour de 6000 décès au sein même du système de santé dus à des erreurs médicales et autres! Autrement dit, il est préférable ne pas aller à l'hosto, surtout le week end puisqu'on risque de ne pas en sortir vivant. Édifiant. Cela se passe dans une indifférence généralisée, au point où on peut se demander s'il vaut vraiment la peine de s'attarder à proposer des solutions. Les problèmes semblent faire l'affaire d'un certain nombre d'individus pour qui le système n'est là que pour leur permettre d'atteindre des objectifs à eux/elles qui n'ont rien à voir avec les soins de santé. J'exagère à peine.
Bref voici un tout petit échantillonnage des propos que tient Samuel Vaillancourt dans le chapitre en question:
Sans doute l'une des inepties les plus effarantes du système de santé québécois et qui me sidère au plus haut point, c'est celle qui m'apprend que le système n'a aucune sorte d'évaluation des soins qu'il prodigue! Cela tient du délire! Comment se fait-il que des professionnel.le.s qui sont payé.e.s des revenus pour s'acheter des condos cash soient aussi incapables de s'évaluer et de se soutenir en collégialité? J'en suis bouleversé. On en exige plus des éboueurs, des concierges d'immeubles!
J'en soupçonnais autant dès qu'on a commençé à parler de l'assurance-médicaments il y a bientôt 20 ans. Ces propos que je trouve dans le chapitre de Samuel Vaillancourt me le confirme. Nous sommes des imbéciles.qui payons un système qui n'est même pas en mesure de faire en sorte que les coûts des médicaments et des équipements soient sous contrôle! Encore une fois, c'est édifiant.
Après avoir dressé un portrait risible du fonctionnement du système de santé québécois, Samuel arrive avec des solutions d'une grande simplicité et qui ferait peut-être en sorte que le système fonctionnerait avec plus d'efficience et à un moindre coût.  Dans le fonctionnement du système de santé à ce moment-ci, le patient est considéré comme le dernier de cons! Les médecins ne posent plus de diagnostiques: ile s'en réfèrent à des machines. Dans ce système le médecin n'est plus qu'un vulgaire technicien de machine et étant payé à l'acte, il fait un usage outrancier des machines et des tests de toutes sortes. De plus, avant d'administrer quoique ce soit, il semblerait que l'on ne consulte même pas le dossier du patient, ce qui est pour le moins idiot. Il donne des exemples de cas d'erreurs médicales où cela semble être effectivement le cas. Il y a plus de dix ans, un système informatique était supposé avoir été mis en place pour que chaque acte posé auprès de quiconque se retrouve dans un fichier centralisé. Nous savons aussi que des whizkid informatique qui ont reçus un milliard de dollars n'ont pas livré la marchandise dans ce domaine.
Parmi les propositions, il y a celle qui aurait dû être concrétisée depuis des lustres: les médecins étant payés à l'acte, ils ont intérêt à faire marcher ce qu'on appellait auparavant la "Castonguette", que l'on appelle la carte "soleil". Il y a au moins deux aspects essentiels à considérer ici. On traite les médecins tels des travailleurs autonomes. Or dans la définition de ce qu'est un travailleur autonome selon la loi, il s'agit d'un individu qui travaille à l'acte ou à contrat pour une multitude de clients, ce qui n'est pas le cas des médecins qui ont pour seul client l'État! Avec ce statut, les médecins peuvent déduire leur mère de leurs impôts si ça leur chante. L'autre aspect, comme le souligne très bien Samuel Vaillancourt, c'est que dans un système ou les médecins sont salariés, leur intérêt premier redevient le patient car ils n'ont pas à traiter les gens comme des objets qui leur permettent d'atteindre des objectifs financiers mais aussi comme des individus auxquels ils prodiguent des soins.

En terminant, j'ai envoyé un courriel au ministre Gaëtan Barrette, l'ex-lobbyiste des médecins spécialistes qui a été nommé de façon immensément prévisible ministre de la Santé et des Services sociaux. Dans une conversation avec Marie-France Bazzo, il y a un peu plus de deux mois, il déclare prendre son mandat au sérieux et être lobbyiste de son mandat de ministre, tout comme il a été lobbyiste des médecins spécialistes. Dans ce courriel je lui donne la référence pour qu'il prenne le temps de lire le chapitre de Samuel Vaillancourt et qu'il réfléchisse aux arguments et propositions qu'il a pris le temps de mettre sur papier. Bien évidemment, je me fais aucune illusion. Mais bon, on ne pourra pas dire que je n'aurai pas essayé...
La plus chanceuse dans tout cela, c'est sans doute mon amie Marie-Gisèle qui a levé les pattes sans demander son reste pendant que je lui parlais au téléphone il y a deux semaines. Au moins, elle n'aura pas eu affaire de manière colossale à un système de santé dysfonctionnel et qui risque de surcroît de vous tuer dès que vous y mettez les pieds.

L'Institut du Nouveau Monde a organisé ce 16 juin le Premier rendez-vous national sur l’avenir du système public de santé et de services sociaux où se sont retrouvés tant des professionnels de la santé que des citoyens pour une journée de réflexion, de surcroît diffusé sur le web. Le grand absent aura été le premier concerné, j'ai nommé le ministre de la Santé et des Services sociaux monsieur Gaëtan Barrette. Nenon, il n'a aucune excuses de ne pas avoir été là. Il vient de se faire au moins un ennemi. Il vient de prouver noir sur blanc que l'on ne peut pas compter sur lui pour que des changements positifs aient lieu au sein du système de santé. Si nous avions besoin d'un geste de la part de ce gouvernement de Couillard, autre que paternaliste et top-down, c'eut été le moment en début de mandat.

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