Plan de métro philosophique
Libellés : Philosophie, plan de métro
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Joel Pett, dans USA Today lors du sommet de Copenhague |
Résultat éminemment absurde de notre civilisation |
L'Amérique du Nord avant/après |
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Je pars du principe que l'on ne s'en sortira pas. Tous les voyants sont au rouge. La pandémie aurait dû servir de coup de semonce mais dès que tout le monde sera vacciné ou à peu près, on retournera exactement là où on en était. Autrement dit c'est terminé.
Seuls quelques-uns pourront s'en sortir s'ils sont discrets et forts. Pourquoi suis-je si catégorique? Tout simplement que l'on ne fait pas le dixième de ce qu'il faudrait faire. Ce n'est pas que moi qui le dit, n'est-ce pas.
Je ne suis pas trop du genre "survivaliste", je ne vais pas me mettre sous abri en attendant que ça passe puisque de toute façon, ça ne passera pas. Non je vais faire comme si de rien n'était puisque mon empreinte écologique est minime, sans être irréprochable. Donc je vais fonctionner ni dans l'espoir ni dans l'optimisme, juste parce qu'il est nécessaire comme si de rien n'était, en sachant tout simplement que ce n'est pas le cas.
Ce qu'il faudrait et qu'il aurait fallu depuis belle lurette (ça fait quand même 50 ans que l'on en sait assez pour agir) c'est un consensus planétaire pour agir. Or, de toute évidence, ce consensus n'arrivera jamais. Nous sommes donc foutus. Et à l'échelle planétaire, comme je dis depuis 40 ans, tant qu'on ne sera pas dans la merde jusqu'à la lèvre inférieure, on fera que dalle. Et là il sera à peu près trop tard. Rien ne pourra arriver avant ce moment puisque la haute finance mondiale est entre les mains du monde interlope qui tient les politiques par les couilles.
Je ne sais même pas s'il sera possible de faire quoi que ce soit à petite échelle si j'en juge seulement par des rencontres que j'avais reçu ici en début d'été d'un petit groupe qui voulait créer soit une OBNL soit une coop pour la cueillette et la transformation de produits forestiers non-ligneux (champignons, petits fruits, herbes diverses, etc.) et qui a foiré au bout de la deuxième réunion parce qu'il y a eu une chicane due à une mauvaise interprétation de propos tenus. Si en temps de paix, on n'est pas capable de s'entendre sur un minimum consensuel, j'ai hâte de voir comment nous allons réagir dans l'urgence. Apparemment quand il y a urgences, les gens se retroussent les manches pour s'entraider mais je ne sais pas combien de temps cela peut durer, surtout dans les pays occidentaux où nous avons perdu l'habitude de le faire.
Il y a des cours qui se donnent à UBC et à l'UQAM sur la gestion de l'après-catastrophe quelle qu'elle soit (médicaments, tentes, véhicules de toutes sortes, etc.) Ces interventions post catastrophes se feront sous l'égide d'autorités dont les objectifs ne seront pas nécessairement clairs en termes de types d'intervention et pourquoi. Ce qu'il faudrait en lieu et place et cela aussi je le prône depuis une bonne vingtaine d'années, c'est la formation de tout le monde au secourisme car à n'en pas douter en cas de catastrophe majeure ou de pénurie quelconque tout le monde devrait avoir été formé pour agir sur le terrain immédiatement.
Ce n'est pas très compliqué à concevoir! C'est un peu sur le modèle suisse ou israélien mais le but n'est pas le même. Ces deux pays peuvent lever une armée de millions de personnes en quelques heures car tout le monde a été formé à ce type de scénario. Bien évidemment, ce dont je parle n'a pas rapport à la guerre mais à l'entraide généralisée avec les outils locaux disponibles et prévus à cette fin pour ce faire. Un truc horizontal avec des décisions prises collectivement sur ce qu'il faut faire. Ce type de gestion horizontale devra aussi faire partie des formations à donner.
Parmi les suggestions de choses à écouter, il y a cette entrevue avec John Le Carré en 2010 par Amy Goodman qui a en quelque sorte servi de déclencheur de mon verdict. Il y a des tonnes de choses qui ont servies à mon verdict mais lui résume bien l'impossibilité de s'en sortir dans l'état actuel des choses. De toute façon, on l'a bien vu depuis le début de 2020, avec les feux catastrophiques en Australie et l'inertie de Scott Morrison, le déni de la pandémie par Boris Johnson, Donald Trump, Emmanuel Macron et tant d'autres chef d'État ou de gouvernement incompétents ou calculateurs ou carrément indifférents. Dans la plupart des pays ce sont les professionnels de la santé qui ont souvent sauvés les meubles, ce qui est à tout le moins louable mais qui ne devrait pas être de leur ressort mais qui le fut en l'absence de décisions politiques. Il en sera de même dans l'avenir dans la plupart des démocraties dans la mesure où une bonne moitié des électeurs ne font pratiquement aucun effort intellectuel.
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Une bibliothèque avec vue |
Il y a une quinzaine d'années, lorsque je vivais dans une cabane dans la forêt, j'avais envoyé un courriel au ministre de l'Éducation pour suggérer que dans les villages du Québec on associe bibliothèques scolaire et municipale, de sorte que ces espaces culturels minimalistes dans les villages deviennent autant de points d'encrage et d'ancrage et facilitent aussi les échanges intergénérationnels; les adultes y côtoyant les enfants. On me répondit que c'était impossible car les bibliothèques scolaires n'ont pas la même vocation que les bibliothèques municipales. Langue de bois. C'est bien car avec du bois on fait du papier...
La bibliothèque vue de chez moi derrière le presbytère. C'est le premier pignon à l'arrière |
Qu'à cela ne tienne, j'ai été ravi qu'une telle idée ait fait son chemin sans moi! Un projet a vu le jour nulle part ailleurs qu'ici où une citoyenne et un citoyen ont mené à bout de bras un projet singulier de couplage de la bibliothèque scolaire et municipale exactement comme je le pensais, quoique dans mon esprit c'eut été plus grand. Mais bon, nous sommes dans une municipalité de 500 habitants, avec un autre 450 qui vivent dans un territoire privé à environ 7 km du village.
Comme il n'y a pratiquement rien à faire dans ce village, COVID ou pas, j'ai décidé de devenir bénévole à ladite bibi, comme je l'avais été il y a une quinzaine d'années à la bibi de Scotstown, le bled où j'avais une chambre d'hôtel à l'époque pour y prendre une douche, utiliser internet et téléphoner lorsque je n'étais pas dans ma cabane.
Il ne faut pas se prendre la tête avec ça: la partie municipale de la bibliothèque n'est ouverte que 3h30 par semaine! Étant maintenue à bout de bras seulement par des bénévoles. On ne va tout de même pas payer les gens pour des histoires de culture, car ici le bois on le coupe à blanc et ce qui se passe avec après on s'en fout. À peu de choses près.
Ce qui fonctionne étonnamment bien avec ce service de bibliothèque c'est le prêt entre bibliothèques. À distance, chez soi ou ailleurs, on va sur le site du réseau des bibliothèques de l'Estrie et on cherche dans le catalogue un livre que l'on veut et on se le commande. Les livres arrivent de partout par la poste. Une bénévole va au bureau de poste chercher les livres, les amène à la bibi et elle/il ou d'autres bénévoles traitent le tout. C'est en somme le gros du travail du bénévole que ce traitement fastidieux de réception, d'envoi et de renvoi des livres. On téléphone aux abonné.e.s pour les informer que leurs livres sont arrivés et soit qu'ils/elles viennent les chercher à la bibi durant les petites heures d'ouverture, soit on les laisse au dépanneur à leur nom; le dépanneur abritant aussi le bureau de poste! Si un livre n'existe nulle part dans le réseau de l'Estrie, on peut le faire venir d'ailleurs, jusqu'à Tombouctou s'il le faut puisqu'avec WorldCat (World Catalog) on peut repérer où se trouve l'exemplaire le plus proche de chez soi en entrant notre code postal. S'affiche alors le nom de la bibliothèque et la distance de chez soi. Ça va donc de 15 km, le village suivant, à 12 000 km si la seule copie est en Australie. On évite autant que faire se peut de choisir l'exemplaire qui se trouve en Australie, sauf bien sûr si c'est une copie numérique:)
Comme la plupart des bibliothèques de villages occupe peu de surface, on ne possède pas beaucoup de livres. Pour pallier à cet inconvénient, trois fois par années il y a rotation de livres d'une bibliothèque à l'autre. Il faut donc mettre le tout dans des boîtes et l'inverse sortir les nouveaux arrivages, de sorte que les citoyen.ne.s puissent avoir un choix différent de temps à autre, en plus du prêt entre bibliothèques.
Vue enneigée depuis les fenêtres de la bibliothèque |