jeudi 31 décembre 2020

Plan de métro philosophique

J'aime bien les divers usages que l'on fait des plan de métro. Ces dernières années, j'en ai vu sur la voie lactée, l'itinéraire pour se rendre jusqu'ici, les pistes cyclables à Québec, etc. Le magazine Sciences humaines propose une méthode libre pour en apprendre un peu plus sur la philosophie par l'usage d'un plan de métro! Chaque station et chaque ligne a son identité. En cliquant sur les stations on en apprend sur la biographie du ou de la philosophe ainsi que des liens vers des articles parus dans les numéros de Sciences humaines au cours des années.

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Le coût des diifférentes sources d'énergie

Comme c'est souvent le cas sur Twitter, tout propos est suivi d'une panoplie de répliques par d'autres individus ou groupes qui y vont de leur argumentaire. Très souvent ce n'est pas très drôle ni rassurant à lire mais parfois la discussion est intelligente et constructive. Je suis tombé sur un tweet de ce genre en début de semaine.
Assaad Razzouk @AssaadRazzouk 

27 déc.
Une décennie en revue: prix de l'électricité des nouvelles centrales électriques
 Solaire PV: - 89%
 Éolien terrestre: -70%
 Gaz: -37%
 Solaire thermique: -16%
 Charbon: -2%
 Géothermie: + 20%
 Nucléaire: + 26%
Les mathématiques, la santé et le climat se sont exprimés: les énergies renouvelables en représentent 90%+ de nouvelles capacités ajoutées à l'échelle mondiale en 2020.

C'est une façon de voir les choses.

La première réplique est de Thor ⚛4 - @MSR_Future où il écrit: 
Ce n'est pas toute l'histoire n'est-ce pas, comme en témoigne l'électricité excessivement chère dans les pays qui ont déployé l'éolien et le solaire, comparez le Danemark, l'Australie du Sud et l'Allemagne à la France nucléaire.”, avec autre graphique à l'appui.


ce qui lui a valu une réplique de Dirk Knapen @DirkKnapen 

27 déc.
Vous utilisez le même vieux truc comme toujours. Les prix de détail sont des prix politiques et non des prix du marché. Les prix du marché de gros, ceux que paient les grandes industries, brossent le tableau inverse. Grrmany et la Scandinavie bien en dessous de la Belgique et de la France. https://energymarketprice.com


Thor ⚛4🕊@MSR_Future revient sur son commentaire et ajoute: 
28 déc.
En Allemagne, lorsque le vent souffle, le prix de gros de l'électricité éolienne devient négatif, pour protéger le réseau, ils doivent payer leurs voisins pour l'utiliser. Le prix de gros reflète la valeur, le coût de détail reflète le coût.

David Hess @6point626 répond au tweet du départ d'@AssaadRazzouk: 
En réponse à @AssaadRazzouk
28 déc.
Je suis généralement un grand fan de OWID (Our World in Data), mais s'ils avaient attendu quelques semaines pour écrire cet article, ils auraient pu s'inspirer du rapport de l'OCDE qui vient de paraître au lieu de Lazard. Des résultats beaucoup plus fiables et notamment différents sur le nucléaire 
https://www.iea.org/reports/projected-costs-of-generating-electricity-2020
La discussion a cours pour encore un bout de temps et finit par s'épuiser, ce qui est correct. Ce qui est important c'est qu'il y ait discussion et que ça reste de bon ton contrairement à un paquet de réponses à un tweet original de quelqu'un.e par tous les quidams qui passent par là et qui vont jusqu'à parfois des menaces de mort!

En terminant, on peut suivre en temps réel la production d'énergie photovoltaïque solaire en Allemagne. Dans l'exemple ci-dessous, il se produit 8 gigawatts de solaire à 14h30 en ce 31 décembre, ce qui  est franchement beaucoup, compte tenu de la latitude de l'Allemagne dont la frontière méridionale se situe au niveau de Québec et la frontière septentrionale se situe au niveau de Shefferville au Labrador. Durant un jour ensoleillé de l'été, il se produit près de 51 GW ce qui équivaut à la production hydroélectrique au Québec.

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dimanche 27 décembre 2020

Les modes de pensée comme sources d'énergie

 Les Lumières nous ont sans doute éclairées quelques temps et il aura sans doute fallu passer par là pour sortir des dogmes religieux qui en ont constitués la cause. La remise en question du mode de pensée religieux a été travesti (une fois n'est pas coutume :) par les jeux de pouvoir, ce qui a fait en sorte que le message de base annoncé par un prophète (et là je laisse pour le moment le soin à chacun de visualiser de qui l'on parle) s'est vu corrompu au fil du temps.

Force est de constater aujourd'hui que la pensée scientifique et matérialiste ont atteint leurs limites et sans les remettre en question puisqu'elles ont leur place, elles ne peuvent aucunement suffire à "expliquer le monde". Qu'y a-t-il derrière l'atome ou la galaxie? À partir des découvertes de la physique quantique, on assiste à des constats dont la résonance tend à démontrer qu'il y a "autre chose" que ce plan matériel, que tout ne peut pas s'expliquer par ce monde visible.
Joel Pett, dans USA Today lors du sommet de Copenhague

Il faut donc établir de nouveaux modes de pensée en partie à partir de ce qui nous a été donné de sagesse au cours des millénaires par des penseurs-philosophes-passeurs-prophètes tels Lao Tseu, Confucius, Zoroastre, Moïse, Sidharta Gautama, Jésus, etc. pour y chercher une issue à notre désarroi provoqué par cette sensation de perte de sens dans les finalités de nos activités terrestres. La question est toujours de savoir "pourquoi sommes-nous là" et ne pas se la poser revient à ne pas avoir de cerveaux plus opérationnels que ceux des poissons. Du reste, tant que nos vies se passent comme celles des poissons dans l'eau, tout baigne... Par contre dès que l'eau se brouille revient sur le devant la question du pourquoi.

Si l'on part de cette prémisse on est alors en droit de se demander à quoi servent un paquet d'activités humaines qui nous avons créés de toutes pièces, surtout à partir de la révolution industrielle des XVIII et XIXe siècles jusqu'à aujourd'hui. Peut-être fallait-il passer par là pour en arriver à se poser la question des finalités. Tout ce qui a été conçu depuis deux siècles et demi devait servir à nous "libérer". Force est de constater qu'il n'en est rien, à peu de choses près. 
Résultat éminemment absurde de notre civilisation

Certes les techniques et instrumentations de toute sorte qui jalonnent cette période récente de l'histoire ont-elles allégées des tâches mais elles ont aussi servi à nous rendre captifs, au point de ne plus être capable de voir comment on pourrait s'en sortir.

Toutes activités humaines et non-humaines forment une économie car dans la nature aussi existe une économie. La symbiose est une forme d'économie d'échange. Du reste, depuis quelques décennies on découvre que tout est réseauté sous nos pieds et ce depuis toujours. Le Web, la toile existait déjà bien avant que l'on s'en rende compte. C'est donc à partir de cette économie-là que l'humaine devrait s'activer. Il y a loin de la coupe aux lèvres. Lorsque les Européens sont arrivés sur le continent américain, ils ont constaté qu'existaient des êtres "primitifs" et ils se sont attardés à les éliminer, inconsciemment d'abord (les maladies) et consciemment par la suite puisqu'ils étaient autant d'obstacles à l'avancement de la "civilisation".
L'Amérique du Nord avant/après

Or cette civilisation est en train d'imploser car sa finalité est devenue absurde. Nous sommes devenus des parasites qui détruisons leurs hôtes. Avec tout le savoir accumulé depuis des siècles, ce n'est pas faire preuve d'une grande intelligence. Comme un consensus planétaire est à exclure, il faut désormais travailler dans le sens d'une économie naturelle basée sur les cycles et les échanges. Ce n'est pas un retour à un état primitif mais une analyse de ce qui est soutenable pour espérer une prolongation de la vie sur terre qui s'en va vers une agonie lente.

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samedi 26 décembre 2020

Anthropocene et effondrement

 Je pars du principe que l'on ne s'en sortira pas. Tous les voyants sont au rouge. La pandémie aurait dû servir de coup de semonce mais dès que tout le monde sera vacciné ou à peu près, on retournera exactement là où on en était. Autrement dit c'est terminé.

Seuls quelques-uns pourront s'en sortir s'ils sont discrets et forts. Pourquoi suis-je si catégorique? Tout simplement que l'on ne fait pas le dixième de ce qu'il faudrait faire. Ce n'est pas que moi qui le dit, n'est-ce pas.

Je ne suis pas trop du genre "survivaliste", je ne vais pas me mettre sous abri en attendant que ça passe puisque de toute façon, ça ne passera pas. Non je vais faire comme si de rien n'était puisque mon empreinte écologique est minime, sans être irréprochable. Donc je vais fonctionner ni dans l'espoir ni dans l'optimisme, juste parce qu'il est nécessaire comme si de rien n'était, en sachant tout simplement que ce n'est pas le cas. 

Ce qu'il faudrait et qu'il aurait fallu depuis belle lurette (ça fait quand même 50 ans que l'on en sait assez pour agir) c'est un consensus planétaire pour agir. Or, de toute évidence, ce consensus n'arrivera jamais. Nous sommes donc foutus. Et à l'échelle planétaire, comme je dis depuis 40 ans, tant qu'on ne sera pas dans la merde jusqu'à la lèvre inférieure, on fera que dalle. Et là il sera à peu près trop tard. Rien ne pourra arriver avant ce moment puisque la haute finance mondiale est entre les mains du monde interlope qui tient les politiques par les couilles.

Je ne sais même pas s'il sera possible de faire quoi que ce soit à petite échelle si j'en juge seulement par des rencontres que j'avais reçu ici en début d'été d'un petit groupe qui voulait créer soit une OBNL soit une coop pour la cueillette et la transformation de produits forestiers non-ligneux (champignons, petits fruits, herbes diverses, etc.) et qui a foiré au bout de la deuxième réunion parce qu'il y a eu une chicane due à une mauvaise interprétation de propos tenus. Si en temps de paix, on n'est pas capable de s'entendre sur un minimum consensuel, j'ai hâte de voir comment nous allons réagir dans l'urgence. Apparemment quand il y a urgences, les gens se retroussent les manches pour s'entraider mais je ne sais pas combien de temps cela peut durer, surtout dans les pays occidentaux où nous avons perdu l'habitude de le faire.

Il y a des cours qui se donnent à UBC et à l'UQAM sur la gestion de l'après-catastrophe quelle qu'elle soit (médicaments, tentes, véhicules de toutes sortes, etc.) Ces interventions post catastrophes se feront sous l'égide d'autorités dont les objectifs ne seront pas nécessairement clairs en termes de types d'intervention et pourquoi. Ce qu'il faudrait en lieu et place et cela aussi je le prône depuis une bonne vingtaine d'années, c'est la formation de tout le monde au secourisme car à n'en pas douter en cas de catastrophe majeure ou de pénurie quelconque tout le monde devrait avoir été formé pour agir sur le terrain immédiatement. 

Ce n'est pas très compliqué à concevoir! C'est un peu sur le modèle suisse ou israélien mais le but n'est pas le même. Ces deux pays peuvent lever une armée de millions de personnes en quelques heures car tout le monde a été formé à ce type de scénario. Bien évidemment, ce dont je parle n'a pas rapport à la guerre mais à l'entraide généralisée avec les outils locaux disponibles et prévus à cette fin pour ce faire. Un truc horizontal avec des décisions prises collectivement sur ce qu'il faut faire. Ce type de gestion horizontale devra aussi faire partie des formations à donner.


Parmi les suggestions de choses à écouter, il y a cette entrevue avec John Le Carré en 2010 par Amy Goodman qui a en quelque sorte servi de déclencheur de mon verdict. Il y a des tonnes de choses qui ont servies à mon verdict mais lui résume bien l'impossibilité de s'en sortir dans l'état actuel des choses. De toute façon, on l'a bien vu depuis le début de 2020, avec les feux catastrophiques en Australie et l'inertie de Scott Morrison, le déni de la pandémie par Boris Johnson, Donald Trump, Emmanuel Macron et tant d'autres chef d'État ou de gouvernement incompétents ou calculateurs ou carrément indifférents. Dans la plupart des pays ce sont les professionnels de la santé qui ont souvent sauvés les meubles, ce qui est à tout le moins louable mais qui ne devrait pas être de leur ressort mais qui le fut en l'absence de décisions politiques. Il en sera de même dans l'avenir dans la plupart des démocraties dans la mesure où une bonne moitié des électeurs ne font pratiquement aucun effort intellectuel.


Autre suggestion: Bernard Stiegler qui s'est enlevé la vie en août dernier, souffrant d'une occlusion intestinale (je l'écris parce qu'après l'avoir écouté je fus sous le choc d'apprendre cela) et sa fille Barbara, brillante en elle-même, hors sa filiation.
Bernard Stiegler
Qu’appelle-t-on panser?, Paris, Les Liens qui libèrent :
1. L’Immense Régression, 2018
2. La Leçon de Greta Thunberg, 2020

Michael Hudson, prof iconoclaste qui a fait des recherches jusqu'à l'époque de Babylone, de la Mésopotamie et un peu partout au Moyen Orient sur l'annulation des dettes ou mîsharum lors de l'entrée en fonction des nouveaux dirigeants. Il ose faire des parallèles avec les situations contemporaines, tel les subprimes en 2008, les dettes des pays du tiers-monde, ce qui constituerait autant d'hérésies de nos jours. C'était avant la pandémie. Avec les sommes colossales qu'auront coûtées les injections financières et les pertes énormes, on est face au ridicule où repartir à zéro serait la meilleure façon de s'en sortir. Cela évidemment ne se fera pas.
Et pardonnez-leur leurs dettes : L’enseignement de Jésus sur la dette, par Michael Hudson
Journal du M.A.U.S.S.
Empire and Economics: The Long History of Debt-Cancelation from Antiquity to Today, organisé par The People's Forum

Serge Bouchard
« La pandémie nous rappelle des choses élémentaires : la vie et la mort. Qui vit, qui meurt. Et nous l'avons en pleine face. » - Serge Bouchard

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jeudi 24 décembre 2020

La bibliothèque scolaire et municipale

Une bibliothèque avec vue
Une bibliothèque avec vue

Il y a une quinzaine d'années, lorsque je vivais dans une cabane dans la forêt, j'avais envoyé un courriel au ministre de l'Éducation pour suggérer que dans les villages du Québec on associe bibliothèques scolaire et municipale, de sorte que ces espaces culturels minimalistes dans les villages deviennent autant de points d'encrage et d'ancrage et facilitent aussi les échanges intergénérationnels; les adultes y côtoyant les enfants. On me répondit que c'était impossible car les bibliothèques scolaires n'ont pas la même vocation que les bibliothèques municipales. Langue de bois. C'est bien car avec du bois on fait du papier...

La bibliothèque vue de chez moi derrière le presbytère
La bibliothèque vue de chez moi derrière le presbytère. C'est le premier pignon à l'arrière

Qu'à cela ne tienne, j'ai été ravi qu'une telle idée ait fait son chemin sans moi! Un projet a vu le jour nulle part ailleurs qu'ici où une citoyenne et un citoyen ont mené à bout de bras un projet singulier de couplage de la bibliothèque scolaire et municipale exactement comme je le pensais, quoique dans mon esprit c'eut été plus grand. Mais bon, nous sommes dans une municipalité de 500 habitants, avec un autre 450 qui vivent dans un territoire privé à environ 7 km du village.

Comme il n'y a pratiquement rien à faire dans ce village, COVID ou pas, j'ai décidé de devenir bénévole à ladite bibi, comme je l'avais été il y a une quinzaine d'années à la bibi de Scotstown, le bled où j'avais une chambre d'hôtel à l'époque pour y prendre une douche, utiliser internet et téléphoner lorsque je n'étais pas dans ma cabane.

Il ne faut pas se prendre la tête avec ça: la partie municipale de la bibliothèque n'est ouverte que 3h30 par semaine! Étant maintenue à bout de bras seulement par des bénévoles. On ne va tout de même pas payer les gens pour des histoires de culture, car ici le bois on le coupe à blanc et ce qui se passe avec après on s'en fout. À peu de choses près.

Ce qui fonctionne étonnamment bien avec ce service de bibliothèque c'est le prêt entre bibliothèques. À distance, chez soi ou ailleurs, on va sur le site du réseau des bibliothèques de l'Estrie et on cherche dans le catalogue un livre que l'on veut et on se le commande. Les livres arrivent de partout par la poste. Une bénévole va au bureau de poste chercher les livres, les amène à la bibi et elle/il ou d'autres bénévoles traitent le tout. C'est en somme le gros du travail du bénévole que ce traitement fastidieux de réception, d'envoi et de renvoi des livres. On téléphone aux abonné.e.s pour les informer que leurs livres sont arrivés et soit qu'ils/elles viennent les chercher à la bibi durant les petites heures d'ouverture, soit on les laisse au dépanneur à leur nom; le dépanneur abritant aussi le bureau de poste! Si un livre n'existe nulle part dans le réseau de l'Estrie, on peut le faire venir d'ailleurs, jusqu'à Tombouctou s'il le faut puisqu'avec WorldCat (World Catalog) on peut repérer où se trouve l'exemplaire le plus proche de chez soi en entrant notre code postal. S'affiche alors le nom de la bibliothèque et la distance de chez soi. Ça va donc de 15 km, le village suivant, à 12 000 km si la seule copie est en Australie. On évite autant que faire se peut de choisir l'exemplaire qui se trouve en Australie, sauf bien sûr si c'est une copie numérique:)

Comme la plupart des bibliothèques de villages occupe peu de surface, on ne possède pas beaucoup de livres. Pour pallier à cet inconvénient, trois fois par années il y a rotation de livres d'une bibliothèque à l'autre. Il faut donc mettre le tout dans des boîtes et l'inverse sortir les nouveaux arrivages, de sorte que les citoyen.ne.s puissent avoir un choix différent de temps à autre, en plus du prêt entre bibliothèques.

Vue enneigée depuis les fenêtres de la bibliothèque
Vue enneigée depuis les fenêtres de la bibliothèque